23.

 

 

Assis dans la voiture à côté de Meredith qui dormait toujours, Sabre couché à leurs pieds, Matt écoutait, horrifié, tandis que les autres le mettaient au parfum pour Meredith. Après quoi, il leur raconta à son tour ses mésaventures à Fell’s Church.

— Je vais faire des cauchemars sur Cole Reece pour le restant de mes jours, admit-il. En plus, même s’il a crié quand je lui ai flanqué l’amulette sur le front, le Dr Alpert a dit qu’il resterait contaminé. Comment voulez-vous qu’on lutte contre un truc aussi incontrôlable ?

Elena était consciente du fait que, indirectement, c’était à elle qu’il posait la question. Elle serra le poing, enfonçant ses ongles dans sa paume.

— J’ai bien essayé d’utiliser les Ailes de la Purification pour nettoyer la ville. J’ai même essayé si fort que j’ai eu l’impression que j’allais exploser. Mais ça n’a rien donné. Je n’ai aucun contrôle sur mes pouvoirs ! Je crois… que j’aurais bien besoin d’entraînement, comme Meredith. Mais comment je dois m’y prendre ? Où ? Avec qui ?

Un long silence s’insinua entre les passagers. Finalement, c’est Matt qui répondit :

— On avance tous à l’aveuglette. Il suffit de voir cette salle d’audience ! Comment c’est possible qu’il y ait autant de loups-garous rien que dans cette ville ?

— Les loups aiment vivre en meute, expliqua calmement Stefan. Il semblerait que Ridgemont en abrite toute une communauté, répartis entre les différents cercles de la ville – les Ours, les Élans et les Lions. Tout ça pour pouvoir épier les seuls êtres qu’ils redoutent : les humains.

Une fois qu’ils furent arrivés à la pension, Stefan porta Meredith jusqu’à la chambre du rez-de-chaussée, où Elena vint la border. Ensuite, ils allèrent poursuivre la conversation dans la cuisine.

— Et leur famille ? Les épouses de ces loups-garous ? relança Elena.

Elle se mit à masser les épaules de Matt, devinant qu’il devait avoir les muscles extrêmement tendus à cause des menottes. Le contact doux de ses doigts apaisait ses ecchymoses, mais ses mains, plus vigoureuses, continuèrent de le malaxer un bon moment, jusqu’à ce que ses propres épaules commencent à protester violemment.

Stefan prit le relais.

— Laisse-moi faire, mon amour. Le méchant vampire connaît un remède miracle. C’est un traitement indispensable, ajouta-t-il à l’attention de Matt. Il va falloir que tu encaisses quelle que soit la douleur.

Toujours reliée à ses pensées, bien que la connexion ait été désormais plus faible, Elena le sentit anesthésier l’esprit de Matt puis s’attaquer à ses épaules noueuses comme s’il pétrissait une pâte ferme, diffusant dans le même temps ses pouvoirs de guérison.

Juste après, Mme Flowers leur servit de grandes tasses fumantes d’infusion à la cannelle. Matt vida la sienne d’un trait, puis sa tête retomba un peu en arrière. Ses yeux étaient fermés, ses lèvres entrouvertes. Elena le sentit évacuer une immense vague de douleur et de tension. Alors elle serra les deux garçons dans ses bras, sans retenir ses larmes.

— Dire qu’ils m’ont cueilli juste devant chez moi, répéta Matt tandis qu’Elena reniflait. D’accord, ils ont fait ça dans les règles, mais il n’y en avait pas un pour constater le… le chaos autour de nous !

Mme Flowers revint vers lui, l’air sérieux.

— Mon petit Matt, vous avez vécu une journée épouvantable. Ce qu’il vous faut maintenant, c’est beaucoup de repos.

Elle jeta un œil à Stefan, l’air d’évaluer l’incidence qu’un donneur de moins pourrait avoir sur lui. Stefan la rassura d’un sourire. Matt, qui continuait de se faire masser les épaules, hocha la tête. Après quoi, il commença à reprendre des couleurs et un petit sourire se dessina même sur ses lèvres.

— Tiens, voilà mon meilleur pote, marmonna-t-il.

Moyennant quelques petits coups de tête, Sabre se fraya un chemin entre leurs jambes et arriva, pantelant, à ses pieds.

— Tu as une haleine du tonnerre, mon vieux. Mais tu m’as sauvé la vie ! On n’aurait pas une petite friandise à lui donner, madame Flowers ?

Matt tourna vers elle ses yeux bleus encore un peu dans le vague.

— J’ai exactement ce qui lui faut. Il me reste au frigo un demi-rôti qui a juste besoin d’être un peu réchauffé.

Elle mit le four en route et, quelques minutes plus tard, revint vers Matt.

— À vous l’honneur. N’oubliez pas d’enlever les os, sinon il pourrait s’étouffer.

Matt attrapa le gros morceau de rôti qui, réchauffé, dégageait une odeur délicieuse. C’est ainsi qu’il prit conscience du fait qu’il était affamé. Ses bonnes intentions s’évanouirent d’un coup.

— Dites, ça vous ennuie si je me fais un sandwich avant de lui en donner un bout ?

— Oh, mon pauvre garçon ! s’écria Mme Flowers. Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Évidemment, j’imagine qu’on ne vous a rien donné à manger là-bas.

Elle lui apporta du pain, ce qui suffit au bonheur de Matt : du pain et une tranche de viande, le sandwich le plus simple que l’on puisse imaginer, et pourtant si bon que c’en était presque gênant.

Elena essuya encore quelques larmes. Comment rendre deux êtres heureux avec quelque chose de tout simple ! Plus que deux, même : ils étaient tous heureux de voir Matt indemne et Sabre obtenir une récompense bien méritée.

L’imposant chien avait sagement suivi du regard toutes les allées et venues du rôti, sa queue balayant le sol dans un frottement continu. Cependant, quand Matt, qui en avait encore plein la bouche, lui tendit le gros morceau qui restait, l’animal pencha simplement la tête de côté en le fixant, l’air de dire : « Quoi, c’est pour moi ? »

— Mais oui, c’est pour toi. Vas-y, attrape, lui dit Mme Flowers avec fermeté.

Finalement, Sabre ouvrit son énorme gueule pour s’emparer du morceau, sa queue frétillant à toute vitesse comme une pale d’hélicoptère. Sa posture était si explicite que Matt éclata de rire.

— Et tu le manges ici, avec nous, ajouta la vieille dame avec autorité.

Elle étala un grand tapis sur le sol de la cuisine.

La joie de Sabre n’avait d’égale que ses bonnes manières. Il lâcha le morceau de rôti sur le tapis, puis fit le tour des humains au petit trot, fourrant sa truffe humide ici dans une main, là contre une hanche ou sous un menton, avant de retourner auprès de son trophée pour le savourer.

— Je me demande si Sage lui manque, dit Elena tout bas.

— À moi oui, en tout cas, marmonna Matt dans sa barbe. Une aide surnaturelle ne serait pas de refus.

Pendant ce temps, Mme Flowers s’activait en cuisine pour préparer des sandwichs, qu’elle empaqueta avec d’autres aliments comme des paniers-repas pour l’école.

— Si l’un de vous se réveille cette nuit avec une petite faim, il aura de quoi faire, se réjouit-elle. Sandwichs au jambon, au fromage, au poulet-crudités, des petites carottes croquantes et une bonne part de tarte aux pommes.

Elena alla l’aider. Bizarrement, elle avait encore envie de pleurer. Mme Flowers lui tapota la main.

— On est tous, comment dire ?… perturbés, lui souffla-t-elle d’un ton grave. Si vous avez du mal à vous endormir tout à l’heure, ce sera probablement dû à un excès d’adrénaline, ajouta-t-elle pour tout le monde. Mon infusion va vous faire du bien. Et je pense qu’on peut faire confiance à nos compagnons à quatre pattes et au bouclier sur le toit pour nous protéger cette nuit.

Matt dormait presque debout, à présent.

— Madame Flowers… un jour… je vous revaudrai ça… mais là, je n’arrive plus à garder les yeux ouverts.

— En clair : tout le monde au lit ! annonça Stefan.

Il referma les doigts de Matt sur le sachet confectionné par Mme Flowers, puis le guida dans l’escalier. Elena emballa quelques provisions supplémentaires, embrassa Mme Flowers sur les deux joues et monta dans la mansarde.

Après avoir remis le lit en ordre, elle s’apprêtait à ouvrir un des sachets quand Stefan revint d’avoir couché Matt.

— Ça va aller pour lui, tu crois ? demanda-t-elle, inquiète. Je veux dire, tu penses qu’il ira mieux demain ?

— Physiquement, oui. J’ai soulagé une bonne partie de ses douleurs.

— Et psychologiquement ?

— C’est un coup dur pour lui. Il s’est pris la réalité de plein fouet. Au moment de son arrestation, il savait qu’il allait peut-être se faire lyncher, et tout ça sans qu’aucun d’entre nous soit au courant. Il pensait que, même si on le retrouvait, ça finirait en bagarre générale… et qu’on aurait du mal à l’emporter vu notre nombre et notre manque de moyens, question magie.

— Mais, grâce à Sabre, rien de tout ça n’est arrivé.

Elena examina d’un air pensif les sandwichs qu’elle avait posés sur le lit.

— Tu préfères quoi : poulet-crudités ou jambon ?

Silence. Elle mit toutefois un moment avant de prendre conscience de la question idiote qu’elle venait de poser et de lui lancer un regard désolé.

— Je… Oh, Stefan, excuse-moi, j’ai oublié. C’est que… cette journée a été si étrange. Je n’en reviens pas !

— Je suis flatté, plaisanta Stefan. Et toi, tu tombes de sommeil. Je ne sais pas ce que Mme Flowers a mis dans cette tisane, mais…

— Ça intéresserait sûrement le gouvernement, suggéra Elena. Pour leurs espions et tout. En attendant…

Elle tendit les bras, la tête en arrière, la gorge offerte.

— Non, mon amour. Tu as peut-être oublié ce que j’ai dit ce midi, mais pas moi. J’ai juré que j’allais reprendre la chasse, et je vais le faire.

— Tu vas me laisser toute seule ? protesta Elena, retrouvant tout à coup sa vigueur.

Ils se fixèrent sans un mot.

— Ne pars pas, insista-t-elle en écartant une mèche de son cou. J’avais tout prévu, de te donner mon sang et qu’on s’endorme dans les bras l’un de l’autre. Je t’en prie, reste, Stefan.

Elle savait à quel point il avait du mal à lui résister. Oui, elle était crasseuse et épuisée, oui, elle portait un jean déchiré et elle avait du noir sous les ongles. Peu importait. Elle était à ses yeux d’une beauté sans limites et exerçait sur lui une fascination sans fin. Il avait très envie d’elle. Elle le sentait à travers le lien qui les unissait, un lien qui commençait à se réveiller, à s’animer, à l’attirer vers elle.

— Mais, Elena…

Il essayait d’être raisonnable ! Pourtant il savait bien qu’elle refusait toute sagesse dans un moment pareil, non ?

— Juste là.

Elle tapota la zone tendre de son cou.

Leur lien crépitait maintenant comme une ligne à haute tension. Mais Stefan était têtu.

— Il faut que tu manges d’abord. Que tu gardes des forces.

Elena attrapa aussitôt le sandwich poulet-crudités et mordit dedans à pleines dents. Hmm… un régal. Il faudrait qu’elle pense à ramasser un bouquet de fleurs des champs pour remercier Mme Flowers. On prenait tellement bien soin d’eux ici. Il fallait qu’elle trouve un moyen de se rendre plus utile.

Stefan la regarda manger. Ça lui ouvrit l’appétit, mais c’est parce qu’il avait l’habitude de se nourrir à heures fixes et que, à l’inverse, il manquait d’exercice. Elena entendait toutes ses pensées, notamment qu’il était content de la voir se reprendre en main. Qu’avec elle il avait appris la discipline et que ça ne lui ferait pas de mal, pour une fois, de se coucher en ayant faim. Il veillerait son adorable Elena assoupie toute la nuit.

Certainement pas ! Elena fut horrifiée par cette idée. Depuis qu’il avait été emprisonné, la moindre allusion à une possible privation pour lui la terrifiait. Subitement, la bouchée qu’elle avait prise eut du mal à passer.

— Allez, viens… s’il te plaît, l’implora-t-elle.

Elle préférerait qu’il se décide de lui-même, mais, s’il s’obstinait, elle n’hésiterait pas à sortir les grands moyens pour le convaincre. Elle irait se laver les mains jusqu’à ce qu’elles soient parfaitement propres, se changerait pour enfiler une longue nuisette moulante et, entre deux baisers, caresserait ses canines rebelles du bout de la langue, tout doucement, au niveau des gencives, comme ça elle ne se couperait pas quand elles commenceraient à s’allonger. Et d’ici là Stefan aurait la tête qui tourne, il ne serait plus maître de lui mais totalement sous son charme.

Ça va ! s’écria Stefan par télépathie. Par pitié, arrête !

— Non, je n’ai pas envie d’avoir pitié de toi. Ni que tu me laisses, répliqua Elena en lui tendant les bras.

Sa voix était douce, tendre et pleine de désir.

— J’ai envie de te serrer dans mes bras, que tu me serres dans les tiens, et qu’on reste comme ça pour toujours.

L’expression de Stefan changea. Il la regarda de la même façon que le jour où elle était venue le voir en prison, dans une tenue, disons, très différente de celle, répugnante, qu’elle portait à cet instant. « C’est… pour moi tout ça ? » avait-il bredouillé, l’air émerveillé.

À l’époque, il y avait des barbelés acérés entre eux. Mais là rien ne les séparait, et Elena voyait bien qu’il mourait d’envie de la rejoindre. Elle tendit encore un peu les bras, et alors il se blottit contre elle et la serra très fort, quoique avec une infinie douceur. Quand il relâcha un peu son étreinte et appuya son front contre le sien, elle comprit que dorénavant elle ne pourrait plus être fatiguée, triste ou effrayée sans repenser à cet instant, et c’est ce qui la ferait tenir pour le restant de ses jours.

En fin de compte, ils se glissèrent ensemble sur le lit, se consolant mutuellement, échangeant des baisers doux et tendres. Petit à petit, Elena sentit le monde extérieur et tout ce qu’il comptait d’horreurs dériver de plus en plus loin. Comment se faisait-il que tout aille si mal alors qu’elle se sentait si bien ? Au final, Matt, Meredith, Bonnie et Damon seraient sûrement indemnes et heureux eux aussi. En attendant, chaque baiser la rapprochait du paradis, et elle savait que Stefan ressentait la même chose. Ils étaient si bien ensemble qu’elle était persuadée que bientôt l’Univers tout entier résonnerait de son bonheur, qui irradiait comme un jet de lumière pure et transformait tout ce qu’il touchait.

 

À son réveil, Bonnie constata qu’elle n’était restée inconsciente que quelques minutes. Elle se mit à trembler et, comme toujours dans ces cas-là, sembla incapable de s’arrêter. Sentant une vague de chaleur l’envahir, elle comprit que Damon essayait de la réchauffer. Mais en vain, les frissons persistèrent.

— Qu’est-ce qui t’arrive ?

Damon n’avait pas la même voix que d’habitude.

— Je n’en sais rien, soupira Bonnie.

Et c’était vrai.

— C’est peut-être à force d’avoir été suspendue dans le vide sans savoir si j’allais y passer. Je n’avais pas l’intention de crier, s’empressa-t-elle d’ajouter au cas où il croirait le contraire. Mais ensuite, quand ils ont parlé de me torturer…

Elle sentit une sorte de spasme secouer violemment Damon. Il la serrait trop fort.

— Te torturer ! C’est ce qu’ils ont menacé de faire ?

— Oui, tu sais, à cause de la sphère d’étoiles de Misao. Ils savaient qu’elle avait été vidée ; ce n’est pas moi qui le leur ai dit. Mais j’ai bien été obligée d’avouer que c’était ma faute, alors ça les a mis en colère. Aïe, Damon, tu me fais mal !

— Alors ce serait à cause de toi qu’elle était vide ?

— Eh bien, c’est ce que je me suis dit. Tu n’aurais pas pu y arriver si je n’avais pas été soûle, et… mais qu’est-ce qui te prend ? Tu es en colère, toi aussi ?

Il la serrait si fort qu’elle ne pouvait plus respirer.

Lentement, elle sentit son étreinte se relâcher un peu.

— Un conseil, mon pinson. Quand on menace de te torturer et de te tuer, il serait peut-être plus… disons opportun de mentir et de faire porter le chapeau à quelqu’un d’autre. Surtout quand c’est la vérité.

— Je sais tout ça ! rétorqua Bonnie, indignée. Mais, de toute façon, ils allaient me tuer. Seulement, si j’avais mentionné ton nom, ils s’en seraient pris à toi aussi.

Cette fois, Damon la repoussa brutalement, et elle fut obligée de le regarder en face. Parallèlement, elle le sentit sonder subtilement ses pensées et n’y résista pas ; elle était trop intriguée par les cernes couleur prune qu’il avait sous les yeux.

— Tu ne comprends donc pas que c’est la base de l’instinct de conservation ?

Une fois de plus, elle eut le sentiment qu’il était fâché contre elle. Honnêtement, elle ne l’avait jamais vu comme ça, sauf une fois peut-être, se souvint-elle, quand Elena avait été « punie » pour avoir secouru lady Ulma à l’époque où celle-ci était une esclave. Il avait eu la même expression : si menaçante que même Meredith avait eu peur, et pourtant si rongée par la culpabilité que Bonnie aurait fait n’importe quoi pour le consoler.

Mais, aujourd’hui, il y avait forcément une autre explication. « Car tu n’es pas Elena, et il ne te traitera jamais comme elle. » Le souvenir de la chambre marron insalubre défila devant ses yeux et acheva de la convaincre : jamais il n’aurait laissé Elena dans un tel endroit. D’abord parce que Elena ne l’aurait pas laissé faire.

— Tu veux que j’y retourne ?

Bonnie prit soudain conscience du fait que ses réflexions étaient sottes et mesquines, surtout qu’il n’y avait encore pas si longtemps elle regrettait d’avoir quitté cette auberge sordide.

— Où ça ? répondit Damon, un peu trop vite.

Bonnie eut l’impression qu’il venait de visualiser la chambre marron à travers ses yeux.

— Pour quoi faire ? La logeuse m’a tout donné. J’ai tes vêtements et un paquet de sphères pour t’occuper au cas où une seule ne te suffirait pas. Mais qu’est-ce qui te fait penser que tu devrais y retourner ?

— Eh bien, parce que je sais que tu étais à la recherche d’une dame de haut rang et que je n’en suis pas une, expliqua simplement Bonnie.

— C’était dans l’unique but de redevenir un vampire. À ton avis, comment je fais pour te maintenir dans les airs en ce moment même ?

Cette fois, Bonnie en fut certaine : Damon lisait dans ses pensées et percevait toutes ses frayeurs, y compris celle qu’elle avait éprouvée en visionnant les deux sphères censurées et qui hantait toujours ses souvenirs. Il était bel et bien redevenu vampire. Mais le contenu de ces sphères était si odieux que sa carapace commença à se fissurer. Elle pouvait presque deviner ce qu’il ressentait à l’idée de l’avoir laissée seule avec ces visions, tremblant sous sa couverture chaque nuit.

Le nouveau vampire qu’il était, d’ordinaire si insensible, eut une réaction stupéfiante.

— Je suis désolé, Bonnie. Je n’ai pas réfléchi à l’impact que cet endroit aurait sur toi. Qu’est-ce que je peux faire pour que tu te sentes mieux ?

Bonnie cligna des yeux. Sérieusement, elle croyait rêver. Damon ne s’excusait jamais. C’était presque de notoriété publique. Et si par hasard il s’excusait, se justifiait ou parlait aussi gentiment à quelqu’un, c’était uniquement dans son propre intérêt. Cependant, une chose semblait vraie dans tout ça : Bonnie n’aurait plus à dormir dans la chambre sordide.

Cette perspective la fit presque rougir de joie.

— Est-ce qu’on pourrait redescendre ? En douceur ? suggéra-t-elle avec une soudaine audace. Pour tout t’avouer, j’ai vraiment le vertige.

Bien que surpris, Damon acquiesça :

— Ça doit pouvoir se faire. Autre chose ?

— Eh bien… je connais deux filles qui te donneront volontiers leur sang si… s’il nous reste un peu d’argent… et si tu peux les aider…

— Bien sûr qu’il nous en reste, rétorqua Damon un peu sèchement. J’ai même extorqué ta part à cette mégère d’aubergiste.

— Dans ce cas, je ne sais pas si tu te souviens du secret dont je t’ai parlé ?

— Si, très bien. Dans combien de temps penses-tu être suffisamment d’aplomb pour te mettre en route ?

L'Ultime Crépuscule
titlepage.xhtml
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Smith,L.J.-[Journal d'un vampire-5]L'Ultime Crepuscule(2011).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html